Il ne s’agit ni du proche ni du lointain des paysages, ni du début ni de la fin, les jardins de François Pagé, une chair qui croît des lisières de la toile. En cette éclaircie qui se moque du jour, se noue une idylle de couleurs presque neuves :
celles épaisses de moire chaude, le vertige des orchidées, celles qu’évaporent des transparences d’encre, un peu aussi de ce rouge qu’on voit au front des théâtres et des cirques. Et puis soudain, un trait de graphite pur alerte l’œil et tend l’espace en une ligne dont la puissance traverse la couleur. Surgissent des énigmes, des figures privées de nom, présentes simplement, tout à fait en dehors des histoires. Ce sont de grandes formes simples, des organes feuillus, des paupières épanouies en joyeuses protubérances, des fragments offerts à tout l’entier du monde. Une luxuriance qui perdant un moment son pouvoir de croissance, ressemble à un havre, si bien qu’en son centre, on n’écoute plus rien que la lumière du blanc.
Florence GUIBERT