François Pagé est né en 1962 à Tours où il vit et travaille actuellement.
Sur son site web, il est dit que les titres de ses œuvres sont des courts textes poétiques. Je dirais plutôt qu’ils décrivent des situations, des petites histoires, des souvenirs, des « instants précis où », des paroles prononcées par les modèles, avec beaucoup de prénoms cités.
François Pagé est avant tout un coloriste, sans style défini, tenté peut-être par l’abstraction, mais de moins en moins au fil des années, et c’est tant mieux, tant il excelle comme peintre figuratif.
Il peint des jardins, des bouquets, des paysages.
Des paysages magnifiques ont été peints sur le motif au Bois d’Amour de Pont-Aven ou en Polynésie sur les traces de Paul Gauguin.
Parfois, on cherche de minuscules personnages annoncés par le titre.
Les sujets mythologiques sont très présents : Apollon et Daphné, Bacchus et Ariane, Acis et Galatée, Neptune et Salacia, Jupiter et Antiope, Cérès, Calypso, une Néréide, Circé regardant partir Ulysse… On trouve aussi beaucoup Diane, nue, seule ou avec ses nymphes. Elle est souvent surprise par Actéon mais on ne voit pas toujours ce dernier avant de se rendre compte qu’il n’est autre que le spectateur-voyeur du tableau.
L’œuvre de François Pagé est émaillé de citations de peintres anciens : Botticelli et sa Naissance de Vénus, Cranach, Vélasquez et sa Vénus au miroir, Poussin, Corot, Manet avec l’Olympia et Le Déjeuner sur l’herbe, Delacroix et sa Femme au perroquet, Bonnard et j’en oublie. François Pagé a un goût particulier pour François Boucher : Diane au bain, Léda et le cygne et l’Odalisque blonde… La plupart du temps, la femme qui sert de modèle apostrophe l’artiste et le compare à un de ces illustres peintres du passé pour lequel elle est censée avoir posé. Le peintre cité n’apparaît pas toujours dans le titre : je pense à Fragonard et sa Fontaine d’amour ou Raphaël et La Fornarina. Des sculpteurs aussi sont évoqués : Gian Lorenzo Bernini, Camille Claudel et Auguste Rodin à l’Islette.
François Pagé peint des portraits : des familiers, des personnes peignant, probablement des élèves, des femmes qui l’invitent à quitter ses pinceaux pour aller danser…
François Pagé peint aussi des nus : des modèles, des connaissances, mais sûrement aussi des femmes aimées, enfin j’imagine. Lui seul connait le secret de tous les prénoms.
François Pagé mêle ainsi subtilement dans son œuvre les souvenirs, le présent, l’imaginaire, la poésie et l’histoire de l’Art.
Philippe Le Poac Novembre 2022